La Poste se meurt ! La Poste est morte ! pourrait-on crier sur le même ton tragique que Bossuet.

Vous souvenez-vous de l’époque, pas si lointaine, où envoyer une lettre ne relevait pas de l’exploit ! Une époque, qui, est celle de ma génération ! Epoque heureuse où envoyer une lettre ne grevait pas le budget : 20 ou 50 centimes, de francs évidemment, soit 3.06 ou 7.06  centimes d’euros ! Epoque merveilleuse où le cheminement d’une lettre s’effectuait en 1 ou 2 jours !

La Poste qui se transforme en banque ou en point accueil dans une boulangerie ou une supérette, est un organe qui remonte tout de même à plusieurs milliers d’années puisqu’on retrouve quelques allusions à l’organisation postale dans la Bible : « Et l’on écrivit au nom du roi, on scella de l’anneau du roi, on envoya les lettres par des courriers à cheval sur des coursiers rapides… (Esther, VIII, 10).  Quant à  l’organisation postale  instituée, en 560 avant JC, par Cyrus dans son royaume de Perse, elle  nous est rapportée par Xénophon dans la Cyropédie : « Voici encore une invention de Cyrus, fort utile pour l’immensité de son empire, et au moyen de laquelle il était promptement informé de tout ce qui se passait dans les contrées les plus éloignées. S’étant rendu compte de ce qu’un cheval peut faire par jour sans être excédé, il fit construire sur les routes des écuries distantes l’une de l’autre de ce même intervalle, et y fit mettre des chevaux et des gens chargés de les soigner : il devait y avoir dans chacune d’elles un homme intelligent pour recevoir les lettres apportées par un courrier, les remettre à un autre courrier, prendre soin des hommes et des chevaux qui arrivaient fatigués et en fournir de frais. Quelquefois même la nuit ne retarde point la marche des courriers ; celui qui a couru le jour est remplacé par un autre qui se trouve prêt à courir la nuit : aussi a-t-on dit d’eux que les grues ne feraient pas aussi vite le même chemin. Si ce mot est exagéré, il est du moins certain qu’on ne peut voyager sur terre avec plus de vitesse. Or, c’est une chose excellente que, quand un fait est digne d’intérêt, on puisse y veiller sur-le-champ. » Ce  fut un exemple pour toutes les civilisations.  Le système romain mis en place par Auguste  fonctionna si bien que Charlemagne, après la destruction de l’administration romaine des postes par les Barbares, tenta de rétablir ces courriers qui faisaient l’admiration de tous. Et au XIXè siècle, les postes françaises en reprirent les grandes lignes ! C’est-à-dire que pendant 2500 ans, la poste fonctionna de telle manière que les gens recevaient leur courrier.

C’est Maxime Du Camp  qui dans,  Paris : ses organes, ses fonctions et sa vie., rapporte, dans le tome 1, l’histoire de la Poste (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2060904 ) et l’on apprend avec stupéfaction qu’en 1829, »55 587 communes sont dépourvues de relations directes avec la poste. » Il fallait donc se rendre au chef lieu de canton, souvent même au chef lieu d’arrondissement pour retirer ses lettres ! Et c’est Charles X, ce roi réactionnaire, qui « institua l’admirable et démocratique service des facteurs ruraux » : d’aucun l’on passa à 16 557 facteurs ruraux en 37 ans !  

Maxime Du Camp

J’ai entendu dire que notre XXIe siècle voulait supprimer ces facteurs ruraux, certainement  afin que l’on revienne à cette loi d’avant Charles X qui consistait à se rendre dans un bourg pour prendre son courrier ! Ils vont s’amuser les néo-ruraux qui sont partis pour avoir  une vie saine, loin des obligations épuisantes des grandes villes, ces éco-citoyens vont avoir à batailler pour conserver l’image idyllique du facteur  prenant le café  avec eux, en discutant des potins des villages alentours.

Mais pour finir sur l’idée que notre merveilleuse époque s’inquiète du bien-être des usagers du service public, il faut lire les renseignements sur les 7 levées et les distributions du courrier dans les années 1870-1876 ! L’on trouvait ces renseignements dans le guide que tout Parisien, tout touriste pouvait facilement se procurer : le Guide Joanne, la référence française en matière de guides à partir de 1841 et qui devint, après la mort du fils Joanne en 1916, les Guides bleus. Celui dans lequel j’ai découvert ces informations sont l’extraordinaire Paris illustré en 1870 et 1876. Guide de l’étranger et du Parisien, par Adolphe Joanne, un guide complet de 1367 pages.

Adolphe Joanne (1813-1881) Créateur du Guide Joanne

Levées des boites. Le service de la levée des boîtes comprend :1° les boîtes de l’Hôtel des postes ; 2° les boîtes des bureaux dans Paris ; 3° les boîtes dites de quartier, au nombre de 650, placées chez les débitants de tabac, aux monuments publics et aux gares des chemins de fer. Il est fait chaque jour sept levées générales, dans toutes les bottes (T. ci-dessus) ; les dimanches et jours fériés, la septième levée n’a lieu qu’aux boîtes des bureaux dans Paris et à l’Hôtel des postes. Levée spéciale de nuit : 3 h. du matin aux bureaux des communes annexées ; 4 h. du matin aux autres bureaux ; 4 h. 30 à l’Hôtel des postes.

1e Levée : 6 h. 30 aux bottes de quartier ; 7 h. aux bureaux des communes annexées. — 7 h. aux boîtes de quartier ; 7 h. 30 aux autres bureaux ; 8 h. 30 à l’Hôtel des postes.

2e Levée : 9 h. aux boîtes de quartier ; 9 h. 30 aux bureaux des communes annexées. — 9 h. 30 aux autres boîtes de quartier ; 10 h. aux autres bureaux ; 11 h. à l’Hôtel des postes.

3e Levée : 11 h. aux boîtes de quartier ; 11 h. 30 aux bureaux des communes annexées. — 11 h. 30 aux boites de quartier ; midi aux autres bureaux ; 1 h. à l’Hôtel des postes.

4e Levée : 1 h. aux boîtes du quartier ; 1 h. 30 aux bureaux des communes annexées. — 1 h. 30 aux autres boîtes de quartier ; 2 h. aux autres bureaux ; 3 h. à l’Hôtel des postes.

5e Levée : 3 h. aux boîtes de quartier ; 3 h. 30 aux bureaux des communes annexées. — 3 h. 30 aux autres boîtes de quartier ; 4 h. aux autres bureaux ; 5 h. à l’Hôtel des postes.

6e Levée : 4 h. 30 aux boîtes de quartier ; 5 h. aux bureaux des communes annexées. — 5 h. aux boîtes de quartier ; 5 h. 30 aux autres bureaux ; 6 h. à l’Hôtel des postes. Levée spéciale : à 5 h. 45 aux bureaux désignés par les n » suivants : 2,3,4,7,8,12,15,17,22,27,28,35 ; — à 6 h. aux bureaux de la rue Saint-Honoré,202 ; de la place de la Bourse, 4 : de la rue de Cléry, 28, et à l’Hôtel des postes.

7e Levée : 8 h. 30 aux boîtes de quartier ; 9 h. aux bureaux des communes annexées. — 9 h. aux boîtes de quartier ; 9 h. 30 minutes aux bureaux de poste ; 9 h. 45 à l’Hôtel des postes. —

N. B. Les levées de boîtes ont lieu à Auteuil cinq minutes plus tôt que dans les autres localités. Les dimanches et fêtes, la 6e levée des boîtes est faite à 5 h. aux boîtes de quartier pour la première distribution du lendemain, et la septième levée n’est faite qu’aux bureaux de postes.

Levées exceptionnelles avec taxes supplémentaires. De 5 h. 45 à 6 h. du soir, moyennant 20 c. en plus par lettre, et de 6 h. à 6 h. 15 du soir, moyennant 40 c. par lettre, aux bureaux situés: rue du Pont-neuf, 17; boulevard Beaumarchais, 83; rue des Vieilles-Haudriettes,4; rue du Cardinal-Lemoine, 28; rue Bonaparte, 21; rue Saint-Dominique-Saint-Germain, 56; place de la, Madeleine, 28; rue Taitbout, 46; rue d’Enghien, 21; rue d’Antin, 19; rue Milton, 1; rue d’Enghien, 21. De 6 h. à 6 h. 15 du soir (20 c. par lettre en plus) et de 6 h. 15 à 6 h. 30 du soir (40 c. par lettre en plus) aux bureaux situés: à l’Hôtel des postes; place de la Bourse, 4; place du Théâtre-Français, 2;rue de Cléry, 28. De 6 h. 30 à 7 h. du soir (taxe supplémentaire de 60 c. par lettre) à l’Hôtel des postes. En outre, 5 levées spéciales ont lieu avant le départ des trains-postes aux bureaux situés près des gares.

Distribution des lettres dans Paris. — Il se fait 7 distributions-de lettres par jour ; les 6e et 7e n’ont pas lieu les dimanches et fêtes.

 1e distribution (de 7 h. 30 à 9 h. 30 du matin) comprend les lettres des départements et de l’étranger arrivées à Paris le matin et les lettres recueillies à Paris à la 7e levée des boîtes de la veille et à la levée de 4 h. 30 du matin.

2e distribution (de 9 h. à 10 h. du matin) : lettres de la 1e levée.

3e distribution (de 11 h. 30 du matin à 1 h. du soir) : lettres de la 2e levée.

 4e distribution (de 1 h. 30 à 3 h. du soir) : lettres de la 3e levée.

5e distribution (de 3 h. 30 à 5 h. du soir) : lettres de la 4e levée.

6e distribution (de 5 h. 30 à 7 h. du soir): lettres de la 5e levée.

7e distribution (de 7 h. à 9 h. du soir) : lettres de la 6e levée.

 N. B. — Les 3e, 4e 5e, 6e et 7e distributions comprennent en outre les lettres parvenues, à différentes heures de la journée, de la banlieue ou de la province

La Poste du Louvre

Tous droits réservés : Jeanne Bourcier

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