Ce 11 Novembre marque bien l’oubli de cette guerre qui fit plus de 17 millions de victimes. Cela fait 4 ans maintenant que les célébrations pour cette tuerie sont finies. Les politiques de tous poils sont soulagés, le crime est oublié pour eux. Le temps a fait son œuvre, il n’y aura plus de procès embarrassant, tout cela appartient au passé. Et bien pour moi, jusqu’à mon dernier souffle, je resterai fidèle à ces Poilus qui moururent en pensant au bonheur, payé au prix de leur vie, de leurs enfants et descendants. Plus jamais ça disaient-ils et pourtant …
Alan Seeger fut un de ces Américains qui s’engagea dans la Légion Etrangère, par amour pour la France. Depuis 1912, il vivait à Paris, rédigeant des articles pour des journaux américains et pour Le Mercure de France. Il était né en 1888 à New York dans une famille aisée, il fera ses études à Harvard : aimant la littérature, l’histoire médiévale et le sport, il représente assez bien ces jeunes américains sains, souriants, sportifs, issus des milieux de la grande bourgeoisie new yorkaise, qui impressionnèrent les soldats français.
Engagé le 24 aout 1914, Alan Seeger disparaît le 4 juillet 1916 lors de la Bataille de la Somme. Il a laissé un Journal, des lettres et de très beaux poèmes qui parurent dès 1918.
Philippe Barrès , le fils de Maurice Barrès, qui fit la guerre, fut son ami et il lui dédia son livre La guerre à vingt ans :
A ALAN SEEGER Au jeune prince romantique Au soldat de la Légion étrangère à jamais étendu dans les champs de Belloy En hommage d'amitié.
Son poème J’ai rendez-vous avec la Mort est célèbre. La prémonition était courante chez les Poilus, bon nombre de témoignages l’attestent. Ce poème est celui de tous les Poilus qui trouvèrent la mort pour la gloire du capitalisme.

J'ai rendez-vous avec la mort À une barricade contestée, Quand le printemps revient avec l'ombre bruissante Et les fleurs de pommier remplissent l'air - J'ai rendez-vous avec la mort Quand le printemps ramène des jours bleus et beaux. Il se peut qu'il me prenne la main Et conduis-moi dans son pays sombre Et ferme les yeux et étouffe mon souffle— Il se peut que je le dépasse encore. J'ai rendez-vous avec la mort Sur quelque pente cicatrisée d'une colline battue, Quand le printemps revient cette année Et les premières fleurs des prés apparaissent. Dieu sait qu'il vaut mieux être profond Doublé de soie et parfumé, Où l'amour palpite dans un sommeil bienheureux, Pouls proche du pouls, et souffle après souffle, Là où les réveils feutrés sont chers… Mais j'ai rendez-vous avec la mort A minuit dans quelque ville flamboyante, Lorsque le printemps revient vers le nord cette année, Et je suis fidèle à ma promesse, Je ne manquerai pas à ce rendez-vous.

Tous droits réservés : Jeanne Bourcier
TRES EMOUVANT ….comme si souvent, lors de thèmes si poignants ! Chère auteure, vous êtes captivante et si présente dans ce que votre plume couche sur le papier. Au détour de chaque phrase, je retiens mon souffle, alors que vous ne perdez jamais le vôtre, à nous entraîner !!
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Je ne trouve pas les mots pour vous remercier, chère Marieanne
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