Ne nous voilons pas la face, le XIXe siècle a eu son Badinguet, le XXIe siècle a son Macronnet. J’entends déjà les cris d’orfraie d’un bon nombre de lecteurs, mais je maintiens envers et contre tous que Macronnet veut jouer au Badinguet.

Je ne suis pas en mesure, malheureusement de vous montrer une caricature de Macronnet aussi réussie que celle de Badinguet, aussi je préfère m’abstenir. Mais pourquoi cette comparaison me direz-vous ? Et bien tout a commencé lorsque Macronnet a voulu, pour sa première investiture, montrer au peuple, la grandeur de sa personne, cela ressemblait, d’ailleurs, plus à un délire mégalomaniaque qu’à une prise de pouvoir par un président de la République. Napoléon III ne fut pas sacré empereur mais plébiscité par la peuple le 21 Novembre 1852 après que, le 7 Novembre1850, le Sénat, l’ai proclamé empereur. Je laisse la parole à un témoin de l’investiture de Napoléon III, Taxile Delord (1815-1877), journaliste et homme politique, qui a laissé son témoignage sur le Second Empire : Histoire du second Empire (1848-1869) :

[…]

Entrée de Napoléon III dans Paris par Théodore Jung 1803-1865
Apothéose de Napoléon III par Cabasson 1814-1884 Tableau réalisé en 1854

Ces deux tableaux parlent d’eux-mêmes, la mégalomanie de Badinguet était à la hauteur de celle de Macronnet.

La comparaison peut aussi se faire sur le choix de leurs épouses. L’on sait que Badinguet, descendant de Napoléon I, ne pouvait trouver une épouse parmi les princesses européennes : il était persona non grata mais il sut retourner la situation à son avantage en épousant la belle Espagnole Eugénie de Montijo, comtesse de Téba qui n’était pas de sang royal : « Je viens donc, messieurs, dire à la France : J’ai préféré une femme que j’aime et que je respecte à une femme inconnue dont l’alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices; sans témoigner de dédain pour personne, je cède à mon penchant, mais après avoir consulté ma raison et mes convictions. Enfin, en plaçant l’indépendance, les qualités du cœur, le bonheur de la famille au-dessus des préjugés dynastiques et des calculs de l’ambition, je ne serai pas moins fort puisque je serai plus libre. » Cela se passait en 1853.

En 2022, soit 169 ans plus tard, Macronet se confie à un journal féminin quelconque : « Je pense que quand on occupe ces fonctions, il faut garder un équilibre intime et familial. Et grâce à elle, je l’ai. Et c’est très important. Parce que, c’est ce qui vous permet d’avoir des moments de recul, des discussions en vérité, des moments aussi d’intimité, d’affection, d’amour avec votre épouse. Je ne pense pas qu’on puisse exercer ces fonctions et décider s’il n’y a pas un équilibre affectif. » 

Quant au rôle des épouses de Badinguet et de Macronnet ne sont-ils pas identiques ? Représentation avant tout …

Et voici la charte de transparence créée par Macronnet en août 2017 :

Le conjoint du Président de la République :

– assure la représentation de la France, aux côtés du Président de la République, lors des sommets et réunions internationales : Officiellement invitée par les organisateurs de ces sommets ou réunions internationales, comme tous les conjoints de chefs d’État ou de chefs de gouvernement, Madame Brigitte Macron accompagne son époux. Elle dispose d’un programme officiel propre aux conjoints. Elle peut également prendre part à des actions nationales et internationales, mises en place avec d’autres conjoints de Chefs d’État, notamment pour lutter contre le changement climatique ou encore les violences faites aux femmes et aux enfants.

– répond aux sollicitations des Français et des personnalités françaises et étrangères qui souhaitent la rencontrer : L’épouse du Chef de l’État reçoit chaque jour plus d’une centaine de courriers, auxquels s’ajoutent les courriels et les appels téléphoniques qui lui sont directement adressés. Elle répond à l’ensemble de ces sollicitations, soit par courriers, soit par des rencontres.

– supervise la tenue des manifestations et réceptions officielles au sein du Palais de l’Elysée.

– soutient, par son parrainage ou sa présence, des manifestations à caractère caritatif, culturel ou social ou qui participent au rayonnement international de la France :

Dans la ligne des priorités fixées par le Président de la République pour son quinquennat, Madame Brigitte Macron sera également chargée de maintenir un lien continu d’écoute et de relations avec les acteurs de la société civile dans les domaines du handicap, de l’éducation, de la santé, de la culture, de la protection de l’enfance ou encore de l’égalité homme-femme. À ce titre, elle est amenée à soutenir les initiatives publiques ou privées qui permettent à la société française d’être plus inclusive face aux différences.

Le Président de la République pourra en outre charger son épouse de missions particulières de réflexion et de propositions en lien avec le rôle décrit ci-dessus. Ces missions seront rendues publiques sur le site Internet de la Présidence de la République.

Et bien rien ne change, représentation, œuvres caritatives réservées aux femmes, réceptions … Je pense à Louise Bourgeois qui disait dans le documentaire Regards et paroles : Il trouve, elle dégotte. Il parle, elle parlotte. Il cuisine, elle popotte. Il siffle, elle sifflote. Il touche, elle touchotte. Il vit, elle vivotte.

Arsène Houssaye, à ma grande déception, tomba lui comme d’autres dans la flagornerie et écrivit, en 1852 : L’Empire, c’est la paix :

Cette envolée lyrique faisait écho à un discours prononcé à Bordeaux par Badinguet, lors de sa visite aux Français avant le plébiscite : « Par esprit de défiance, certaines personnes se disent : L’Empire, c’est la guerre. Moi, je dis : L’Empire, c’est la paix. C’est la paix, car la France le désire, et, lorsque la France est satisfaite, le monde est tranquille. » etc., etc… Et en 1854, c’était la guerre de Crimée ! En 2017, Macronnet aussi parlait de la grandeur de la France et de la Paix : « Le monde et l’Europe ont aujourd’hui, plus que jamais, besoin de la France. Ils ont besoin d’une France forte et sûre de son destin. Ils ont besoin d’une France qui porte haut la voix de la liberté et de la solidarité. Ils ont besoin d’une France qui sache inventer l’avenir. […] La France veillera toujours à être aux côtés de la liberté, des droits de l’Homme, mais toujours pour construire la paix dans la durée. » etc., etc… Et nous savons ce qu’il en est !

Frédéric Loliée s’est fait l’historien du Second Empire. Né en 1856, il n’a que 14 ans à la chute de l’Empire et en 1907, devenu un nostalgique de la Fête impériale, il ressuscite les fêtes, les femmes, les courtisanes, les personnages de cette époque brillante, fastueuse et riche. Ne l’oublions pas Le Second Empire voit l’enrichissement d’un grand nombre et la Bourse, née sous Louis-Philippe, fait la fortune des spéculateurs. Tout cela s’accompagne d’un luxe effréné : c’est la grande époque des courtisanes.

Et Taxile Delord se souvient de l’étiquette en rappelant qu’il n’était pas permis à un homme du pouvoir de se rendre aux Tuileries en fiacre, mais surtout de cette avalanche de luxe et d’argent qui ne pouvait qu’éveiller des soupçons …

En lisant le texte ci-dessus, on se rend facilement compte que rien, absolument rien n’a changé. D’ailleurs la plupart des grandes fortunes de notre société sont celles du XIXe siècle, mais chut ! Les descendants se gardent bien de le clamer sur les toits : il faut aimer chercher, fouiller, bref il faut aimer une certaine forme d’archéologie ! Je ne parlerai pas des Rothschild car l’on sait tous que depuis Mayer (1744-1812), « le père de la puissance internationale » selon le magazine américain Forbes, ils détiennent aussi bien les finances, l’immobilier, le ferroviaire que des mines et même des vignobles, leur ville Francfort d’où Mayer a envoyé ses 4 fils pour créer des filiales de la Banque familiale à Paris, Vienne, Londres, Naples, le 5eme continuant la banque à Francfort oui vous lisez bien Francfort, le siège de la Banque Européenne, la BCE ! Donc rien n’a changé si ce n’est qu’ils sont encore plus riches et plus puissants. A cela il faut ajouter tous les industriels comme Renault, Citroën, Peugeot …. qui maintenant s’associent, se rachètent, se mélangent, enfin font leurs petites affaires. Et les politiques comme les Poniatowski, tous princes descendants du dernier roi de Pologne Stanislas II roi de Pologne et Lituanie ou encore les Joxe qui descendent de la famille de Ludovic Halévy, académicien qui commença sa carrière comme secrétaire rédacteur au Corps législatif, sous la responsabilité du Duc de Morny, le demi-frère de Napoléon III. Il fera ensuite une belle carrière de librettiste, de vaudevilliste et de romancier. Et cela n’est qu’un aperçu !

« A la veille des événements de 1870, la Cour impériale n’avait rien perdu de son éclat. Malgré les nuages amoncelés à l’horizon et l’orage qui grondait sourdement au dehors, le calme, l’insouciance, l’aveuglement, la préoccupation dominante du luxe, de l’apparat et du plaisir semblaient régner au Palais — comme dans tout le brillant monde du reste. En songeant à ce riant décor, derrière lequel se préparait la plus épouvantable et la plus soudaine des catastrophes, il est impossible de ne pas faire un rapprochement qui s’impose entre le déclin du règne de Napoléon III et les années qui ont précédé la grande Révolution. » se souvient le Comte de Maugny dit Zed, dans Souvenirs du Second Empire écrit en 1889.

Peut-être sommes-nous, nous aussi, à la veille de grands évènements qui sont cachés par l’indécence des actionnaires du CAC40, l’insouciance de ces nouveaux riches qui poussent comme des champignons depuis 2017, le luxe de l’Elysée et de ses satellites, le décor d’opérette que diffusent les chaînes étatiques … L’avenir nous le dira.

Tous droits réservés : Jeanne Bourcier

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