3/ Aujourd’hui, allongée sur mon transat, je regarde filer les nuages et je me revois jeune fille, en vacances dans la maison de Bretagne. Maman avait transformé un vieux lit en lit de jardin. J’aimais y passer mes après-midis, à l’ombre d’un érable argenté.

Les jours de grand vent, je prenais une couverture dans laquelle je m’enroulais et allongée sur ce lit, je regardais courir les cumulus, le soleil jouait à cache-cache, les feuilles s’envolaient et leur bruissement m’offrait un concert. Alors tout était parfait, la vie m’apparaissait douce et heureuse, tout ne pouvait être qu’amour, rien ne pouvait être triste dans mon monde léger. Un engourdissement divin m’envahissait et je me laissais emporter dans un sommeil délicieux.

Depuis la vie s’est cruellement chargée de me ramener à la réalité. Qu’est devenue cette maison que j’aimais tant ? Et cet érable majestueux est-il encore de ce monde ? Mon lit a depuis longtemps fini aux encombrants. Et ceux que j’aimais sont depuis trop longtemps allongés sous la terre. Cependant, aujourd’hui, ce vent qui souffle, loin de ma Bretagne, me ramène à ces temps heureux de ma jeunesse.

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