Contribution de Cédric Desmaretz

Maurice Garin né en mars 1871 à Arvier, vallée d’Aoste fait partie de ces montagnards qui ne parlent ni l’italien ni le français et qui s’expriment quasi uniquement dans le patois de leur vallée alpestre. Agé de treize ou quatorze ans, il serait parti avec l’un de ces rabatteurs qui venaient au Val d’Aoste recruter des petits ramoneurs. Selon la légende il aurait été échangé contre une meule de fromage…
En effet, parfois dès l’âge de six ans des garçons étaient enrôlés par des maîtres ramoneurs devenus trop grands eux-mêmes pour grimper dans les conduits de cheminées. Ils partaient à l’automne, sur les routes de France et revenaient, si tout allait bien, l’année suivante à la belle saison. Les journées étaient très longues (jusqu’à quatorze heures par jour) et les conditions de travail épouvantables, mettant souvent en danger la vie de ces ouvriers qui ne percevaient aucun salaire directement. Le maître ramoneur versait aux familles une somme d’argent, équivalente au prix d’un veau, à leur retour au pays et durant toute la saison, il était censé nourrir et habiller ces ramoneurs. Dans la réalité, les gamins étaient souvent battus, le maître leur volait même l’argent des pourboires et dans ces conditions difficiles, il arrivait que les petits ramoneurs meurent de froid ou lors d’une chute dans une cheminée. Ils étaient sujets à des maladies respiratoires et devenaient allergiques ou aveugles à cause de la suie. Les lois françaises de 1874 et 1892, relatives au travail des enfants mirent fin à cette pratique déplorable pour les petits Français mais des spéculateurs avides continuèrent quelques années encore leurs ignobles trafics, en allant chercher des enfants de l’autre coté de la frontière, dans le Piémont.
Maurice Garin remporte la première course à laquelle il participe : Namur-Dinant-Givet et retour. Une anecdote à propos de cette épreuve traduit bien l’ardeur et le caractère combatif du personnage. Aux abords de Dinan alors qu’il est seul en tête, il est victime d’une crevaison et craignant de perdre trop de temps pour réparer et ainsi perdre la course, Maurice s’empare de la bicyclette d’un soigneur qui attendait le passage de ses protégés pour leur prodiguer conseils et ravitaillements et fonce vers la victoire malgré les cris de la victime. Selon la petite histoire, arrivé à Namur avec dix bonnes minutes d’avance sur le second, il aurait ensuite tranquillement rendu la machine à son propriétaire avant de récupérer la sienne là où il l’avait abandonnée.
Il est acquis que Maurice Garin a obtenu la nationalité française en 1892, à 21 ans, juste après sa majorité ce qui fait de lui le premier Français vainqueur du Paris – Roubaix en 1897 et 1898.
Or, en 2004 le journaliste Franco Cuaz retrouve l’acte de naturalisation du coureur à Châlons-en-Champagne. Il est daté du 21 décembre 1901, soit presque 10 ans après la date initialement admise. Cette découverte signifie que les victoires de Maurice Garin obtenues avant cette date l’ont été sous le drapeau italien. Ainsi, il aura fallu attendre la quatrième édition pour voir un Français remporter la « Reine des classiques ».
Maurice Garin, premier vainqueur du Tour de France en 1903, fut au départ de la deuxième édition en 1904 et bien décidé à défendre son titre lors d’un tour qui faillit bien être le dernier.
Ce sera le sujet de notre prochaine étape……
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