Il faut avant toute chose, remettre les pendules à l’heure : chier est un art : « Je connais bien peu de gens qui possèdent le grand art de chier. La plupart du monde s’acquitte de cette fonction ou à la hâte, comme s’ils le faisaient à regret, ou avec insolence comme si c’était une action peu importante. La manière triviale de défaire son haut-de-chausse, les airs maladroits qu’on se donne sur les privés, les grimaces affreuses et les exclamations barbares qu’on y fait, voilà autant de points sur lesquels une réforme est d’une extrême nécessité. […] Enfin, on leur y enseignerait l’art de s’essuyer proprement, selon les doctes leçons que Rabelais en a données. » écrivait, en 1729, Jonathan Swift dans Le grand mystère ou l’art de méditer sur la garde-robe.

Jonathan Swift (1667-1745)  « Ici repose la dépouille de Jonathan Swift, D.D., doyen de cette cathédrale, qui désormais n’aura plus le cœur déchiré par l’indignation farouche. Va ton chemin, voyageur, et imite si tu le peux l’homme qui défendit la liberté envers et contre tout. »

Rabelais, dans Gargantua (chap. XIII) s’était posé la question du meilleur torche-cul : « – J’ai découvert, répondit Gargantua, à la suite de longues et minutieuses recherches, un moyen de me torcher le cul. C’est le plus seigneurial, le plus excellent et le plus efficace qu’on ait jamais vu. » Après maints essais plus truculents les uns que les autres, Gargantua déclare : « Mais pour conclure, je dis et je maintiens qu’il n’y a pas de meilleur torche-cul qu’un oison bien duveteux, pourvu qu’on lui tienne la tête entre les jambes. Croyez-m ‘en sur l’honneur, vous ressentez au trou du cul une volupté mirifique, tant à cause de la douceur de ce duvet qu’à cause de la bonne chaleur de l’oison qui se communique facilement du boyau du cul et des autres intestins jusqu’à se transmettre à la région du cœur et à celle du cerveau. » C’était une manière, tout à fait défendable de faire dans le zéro déchet !

500 ans plus tard, de rigolos bobos écolos zéro déchet, oubliant que le problème du torche-cul et de la défécation en général, avait été divinisé, décrié, analysé, ironisé, « scatomanié » bien avant eux, s’en sont pris au très sérieux torche-cul. Nos graves écologistes, transgressant les lois diverses et variées mises en place par plus de 5000 ans d’histoire du caca, ont décidé de faire disparaître le papier hygiénique, qui avait été trouvé comme alternative à l’oison !

Mais sur notre planète, mise en danger par nos déchets, le papier hygiénique devenait un danger supplémentaire et les toilettes japonais avec leur lave-cul et leur sèche-cul, sont trop énergivores. Terrible dilemme !  Est née alors cette idée saugrenue du PQ réutilisable !!  Je laisse la parole aux spécialistes :

«  Pourquoi remplacer le papier toilette par du PQ lavable ?Le papier toilette est un déchet comme un autre : Bien qu’il ne termine pas dans notre poubelle et qu’il ne vienne pas l’alourdir lors de la pesée mensuelle, il s’agit tout de même d’un déchet qui a vocation à être récupéré et traité plus loin au niveau de la station d’épuration de votre commune. La première étape du traitement des eaux usées est le dégrillage (un système de tamis de plus en plus fin) qui a pour vocation de récupérer les déchets volumineux qui iront ensuite directement aux ordures ménagères…Il est un acteur important de la déforestation : « Le secteur du papier hygiénique est en augmentation de 10% par an et 3,2 arbres sont abattus chaque seconde dans le monde pour fabriquer du papier toilettes, soit près de 99 millions d’arbres (Conso-Globe). » Un européen, c’est 13kg de PQ/an dont seulement 40% issu du recyclage et encore on est des bons élèves par rapport à nos potes américains qui ne sont que 2% à utiliser du papier toilette recyclé… Sa fabrication génère l’émission de gaz à effet de serrer et gaz toxiques : un paquet de 10 rouleaux de papier toilette, c’est 2,5 kilos d’émissions de carbone soit environ 2g par feuille… Le PQ c’est aussi l’utilisation de colorants, parfums, conservateurs et bactéricides qui dégagent des fumées toxiques lors de la fabrication. Il faudra ensuite les traiter en station d’épuration de l’eau !

C’est quoi le PQ lavable ? Ce sont des lingettes en tissu souvent carrées ou rectangles, souvent double face, de la taille d’une feuille de papier toilette classique (pour faire simple on dira que c’est pareil mais en tissu). Vous pouvez en trouver ou en faire de différentes matières et tissages en fonction de ce que vous trouvez, de vos goûts ou de vos stocks de tissus : coton, bambou, chanvre, nid d’abeille, éponge, microfibre… Vous pouvez en trouver en vente sur internet. » 

Rien à dire si ce n’est que le nettoyage de ces lingettes demandera une dépense d’énergie importante : programme à 60° pour tuer les microbes, produits blanchissants pour ne pas laisser de traces … l’on peut aussi, pour respecter la planète, laisser tremper, puis laver à la main en frottant avec du savon de Marseille.

Une question me taraude : les clients dans les lieux publics ou privés devront ils avoir sur eux leurs propres lingettes ou l’établissement leur fournira-t-il, sous condition de les rapporter le lendemain, blanchies et repassées ? De mêmes pour nos invités, amis ou non ! Mais voyons, tout a été pensé ! Les lingettes seront sous forme de rouleau, attachées les unes aux autres par une petite pression, vous vous servez, vous vous torchez et vous déposez  les lingettes dans un récipient réservé à cet effet ! Et le lendemain, lessive d’excréments d’inconnus, d’amis, de la famille… !

Papier toilette réutilisable !

Je me souviens de la joie de nos mères quand est apparue la couche jetable ! Je me souviens de leur soulagement de ne plus avoir à nettoyer la merde de leur rejeton ! Les Féministes trouvaient, à l’époque, que c’était une avancée !

Et bien notre avancée à nous sera le lavage du PQ, non seulement celui de nos enfants mais aussi celui des autres, intimes ou inconnus peu importe : il faut sauver la planète ! Moi, en réactionnaire farouche, je m’insurge : je ne prête ni ma brosse à dent, ni mon torche-cul !

Et j’irai jusqu’à dire que je préfère le papier journal à la manière de Toulouse Lautrec !

Toulouse Lautrec s’amuse à se photographier !!!

 Tous droits réservés : Jeanne Bourcier

Une réflexion sur “Le Torche-cul

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