Contre les falaises la mer vient chercher avec la rage patiente du ressac les rhynchonelles qu’elle y abandonna en d’autres temps. Ma longue promenade dans la poussière du monde amenuise mon âme jusqu’à la transparence, mon âme irradiée par le monde et tiraillée par l’insoupçonné,
Et moi pétrifié devant cela
A vouloir empaqueter l’infini je ne veux ni ne peux plus rien entendre de notre langue morte, ce sable, ces fossiles qui retournent à la mer, cette poussière qui imprègne tout, ce mensonge, que nous sommes lorsque nous ne nous rencontrons plus par hasard sur la grève à marée basse portant dans le sable les stigmates du jusant, sur le terrain neutre d’un monde partagé.
Tout ce que nous faisons est comme ces fossiles de mer, choses et langues, œuvres de l’esprit et œuvres de l’habileté, notre langue mourante est comme ce bruit de mer laissant sur le sable son fossile instantané face à face avec les fossiles immémoriaux de la falaise blanche
Je m’endors chaque soir en songeant que quiconque cherche à s’emparer de ces fossiles sera vomi par les Dieux
Et laisse aux cieux de mer changeant mon regard comme l’empan du temps
Tous droits réservés : Thomas Sabourin