Jean-Pierre appartenait au cercle très fermé des Panhardistes. Il était l’un des membres les plus actifs. Sa dextérité à démonter et remonter les pièces d’un moteur, son ouïe si fine à détecter le toussotement suspect faisait l’admiration de tous ces collectionneurs. Leurs âmes sensibles de mécaniciens s’émouvaient devant les pistons et les rouages si parfaitement ajustés des moteurs Panhard.
Jean-Pierre suscitait, chez tous ceux qui le connaissaient, un attendrissement poli lorsque dans un élan d’enthousiasme il étalait ses petites voitures, sa littérature, ses gadgets et autres panhardises. Il redevenait alors l’aimable enfant qu’il avait peut être été. C’était au volant de son modèle 24 ct, le mythique dernier modèle de chez Panhard, celui de sa jeunesse, qu’il existait, il ne le sortait que rarement de peur de l’abîmer. Aussi Jean Pierre appartenait il au cercle très ouverts des maussades. Jean-Pierre avait appris la mécanique avec son père et son admiration maladive pour cet homme taciturne l’avait amené à penser qu’il n’est pas d’espoir hors de la mécanique automobile.
Jean-Pierre, dès son mariage, avait sacrifié sa passion pour un confort petit bourgeois dans lequel sa mère, petite fille de domestiques, voyait l’aboutissement de la classe ouvrière. Et Jean-Pierre au lieu de moteurs fit des maisons. Au long des 40 années que dura son ascension sociale, des carcasses de Panhard attendirent la retraite pour retrouver leur jeunesse, une seule échappa à ce purgatoire. Entre deux toitures, deux chapes de ciment ou la pose d’un plancher Jean-Pierre avait sacrifié ses nuits pour le seul objet féminin qui le toucha : le modèle 24.
Bonjour,
Ce billet me rappelle mon père avec ses » Peugeot »
F.
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